Il est désormais prouvé qu’une consommation excessive d’alcool provoque des troubles aigus ou chroniques du système nerveux central. Parmi ceux-ci figure le syndrome de Wernicke-Korsakoff. Ce n’est qu’à partir du XIXe siècle que la lumière a commencé à être faite sur le sujet et aujourd’hui on ne connaît toujours pas les mécanismes par lesquels l’alcool produit les syndromes cérébraux liés à sa consommation excessive.
Traditionnellement, on croyait que la psychopathologie de l'alcool n'était rien d'autre que la conséquence de l'action directe et exclusive de cette substance sur le système nerveux central. Mais avec le temps les répercussions de malnutrition associés à une consommation excessive d'alcool se sont révélés déterminants dans la manifestation de certains troubles. Ci-dessous, nous étudierons l'un des troubles les plus connus dus à une consommation excessive d'alcool : le syndrome de Wernicke-Korsakoff.
Syndrome de Wernicke-Korsakoff
L'encéphalopathie de Wernicke et le syndrome de Korsakoff sont deux troubles différents mais qui surviennent parfois ensemble. Lorsque cela se produit, on parle du syndrome de Wernicke-Korsakoff. Comme nous le verrons plus tard, une des causes est due au déficit de thiamine (vitamine B).
La carence en vitamine B est plus fréquente chez les alcooliques mais ne les concerne pas exclusivement. Elle est également fréquente chez les personnes dont l’organisme n’absorbe pas correctement les aliments (malabsorption). Cela peut parfois être le résultat d’une maladie chronique ou la conséquence d’une intervention chirurgicale liée à l’obésité.
Le syndrome de Korsakoff ou psychose a tendance à se développer à mesure que les symptômes du syndrome de Wernicke disparaissent. L’encéphalopathie de Wernicke provoque des lésions cérébrales dans les parties inférieures du cerveau – le thalamus et l’hippothalamus. La psychose de Korsakoff est le résultat de dommages permanents aux zones cérébrales liées à la mémoire. Pour mieux comprendre de quoi nous parlons, analysons séparément l'encéphalopathie de Wernicke et le syndrome amnésique de Korsakoff.
Encéphalopathie de Wernicke
Il a été décrit pour la première fois par Wernicke en 1885 et survient chez les alcooliques chroniques souffrant de malnutrition. L'encéphalopathie de Wernicke provoque des lésions symétriques des structures cérébrales entourant le troisième ventricule, l'aqueduc de Sylvius et le quatrième ventricule.
Plus précisément, ce sont les structures des corps mamillaires, le thalamus dorsolatéral lieu céruléus la matière grise périaqueducale, le noyau oculomoteur et le noyau vestibulaire. De même, dans 50 % des cas, des lésions cérébrales se produisent et consistent en une perte sélective de cellules cérébrales. Neurones de Purkinje . Le symptôme neurologique le plus typique de cette encéphalopathie est peut-être l'atrophie des corps mamillaires. ce qui se produit dans environ 80 % des cas.
Symptômes de l'encéphalopathie de Wernicke
D'un point de vue clinique les patients sont désorientés et incapables de maintenir leur attention. Beaucoup d'entre eux présentent de fortes baisses des niveaux de conscience et, en l'absence de traitement ils peuvent conduire au coma ou à la mort.
D'autres symptômes associés sont mis en évidence : nystagmus (mouvements involontaires rapides et soudains des yeux), ataxie (difficulté à coordonner les mouvements) et ophtalmoplégie (incapacité de bouger volontairement le globe oculaire) avec lésions des noyaux oculomoteurs, des nerfs abductifs et vestibulaires.
Causes de l'encéphalopathie de Wernicke
L'étiologie de cette pathologie est due au manque de thiamine ou de vitamine B comme mentionné précédemment. La carence en thiamine est fréquente chez les personnes qui consomment fréquemment de l'alcool et qui ont développé une certaine dépendance.
La carence en vitamine B chez les alcooliques est le résultat d'une combinaison de la malnutrition réduit l'absorption gastro-intestinale de cette vitamine qui n'est pas stocké correctement et ne fournit donc pas ses propriétés. Ces derniers facteurs sont induits par une consommation chronique d’alcool.
La carence en vitamines B pourrait avoir des origines génétiques ou acquises. La différence entre les deux cas pourrait expliquer pourquoi toutes les personnes dépendantes à l’alcool ne développent pas cette encéphalopathie.
Syndrome amnésique de Korsakoff
Ce syndrome se caractérise par forte détérioration des fonctions du mémoire antérograde et rétrograde (incapacité d'apprendre de nouvelles choses et de se souvenir des anciennes). L'apathie se produit également. Au contraire, les capacités sensorielles et autres capacités intellectuelles ont tendance à rester intactes.
Le syndrome amnésique de Korsakoff peut survenir chez des patients souffrant déjà d'une encéphalopathie de Wernicke et dans 80 % des cas guéris de cette encéphalopathie. Cependant L'amnésie de Korsakoff a également été constatée chez des personnes qui n'ont jamais eu d'encéphalopathie de Wernicke.
Il est assez rare que le syndrome de Korsakoff survienne chez des personnes ayant eu une encéphalopathie mais qui ne sont pas alcooliques. Ceci suggère que La neurotoxicité induite par l'alcool joue un certain rôle dans la manifestation de ce trouble.
Altérations dues au syndrome de Korsakoff
Les neurones les plus touchés par l'action neurotoxique sont les neurones cholinergiques du cerveau antérieur basal qui apparaissent diminués chez les patients souffrant de syndrome par Korsakoff. Les carences en thiamine peuvent entraîner la perte de naurotransmetteurs, notamment des neurones affectés par l'acétylcholine. Ce déficit contribue donc également à la perte de mémoire.
Les lésions des corps mamillaires du thalamus dorsolatéral et du thalamus antérieur peuvent également entraîner de graves déficits de mémoire. Comme nous l'avons vu, la distinction entre le syndrome de Korsakoff et l'encéphalopathie de Wernicke n'est pas toujours claire et bien délimitée. D'un point de vue pathologique, dans les deux syndromes, les zones touchées se chevauchent.
En raison d'une distinction indéfinie entre les deux maladies, l'utilisation du terme syndrome de Wernicke-Korsakoff a été proposée par divers auteurs pour décrire les deux syndromes.
